jeudi 12 janvier 2012

La Dame aux Camélias m.e.s Frank Castorf



Ces derniers temps les pièces que je vais voir sont moins des histoires avec une continuité classique que des collages de textes, d'images et d'impressions, d'expérimentations poétiques et émotionnelles en trois dimensions, elles cherchent à nous faire sortir des sentiers rebattue des histoires qui, au fond, sont toujours les mêmes.
La sclérose éclatée ça ne plaît à tout le monde (se conférer au tintouin provoqué par Golgota Picnic) et hier soir il y a eu durant le spectacle des protestations de spectateurs qui s'y intégraient si bien que j'ai pensé qu'elles faisaient partie du spectacle. Peut-être est-ce la nudité ou le jeu avec la nourriture qui a choqué ces spectateurs, je ne me l'explique pas vraiment.

La mise en scène de Frank Castorf est donc composée d'extraits de la dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, de la Mission de Heiner Muller et de Histoire de l'oeil de Georges Bataille. Dans un double décor de maison de bidonville d'un côté et de club de striptease de l'autre, les acteurs jouent avec la liberté des enfants à explorer ses trois textes, leurs personnages, et ainsi à mêler à l'imagination, le sexe, l'argent la politique, l'amour et les révolutions.
Un homme tombe amoureux d'une pute mourante, c'est un peu ridicule, des hommes s'engagent dans des révolutions qui se trahissent et les trahissent, mais qu'est-ce qui est le plus important? L'amour, la révolution ou la trahison qui vient après, l'espoir bien-sûre, le désir de croire que tout peut s'arranger, la croyance dans le moment présent, même si ça doit mal finir. Et ça finit toujours mal rien n'est plus clair que de le montrer avec les images de l'émotion de la libération de la Roumanie qui nous l'avons su après, n'était qu'un leurre. Armand Duval aime d'un amour un peu ridicule Marguerite Gauthier, mais c'est un amour créatif, et la mort dans tout ça, la mort et les zombies d'Haïti... viva Mexico d'Eisenstein, le russe... c'est la nature même des histoires... si les personnages ne s'engageaient jamais dans rien il n'y aurait pas eu d'histoires.
La pièce est riche, intense, le travail fourni incroyable, le dispositif impressionnant. Dans la seconde partie les acteurs sont suivis à la caméra, le film est tourné et monté en direct. On dirait de la télé réalité: striptease ou confessions intimes, on entre dans les pièces que le spectateur ne peut pas voir à l'oeil nu, dans l'intimité du couple perturbé par une chanteuse d'opéra.

Impossible de résumer cette pièce chargée de propositions, qui a commencée par m'irriter, puis m'a fait hurler de rire, et émue. les textes sont grandioses, tous les styles y sont mélangés s'y glisse le cabaret, l'opéra, le cinéma ( Psychose, Moulin Rouge...) c'est un travail titanesque, une pièce de 3h45 qui épuise ses acteurs, et prend aussi beaucoup d'énergie aux spectateurs, comme je l'ai dit tout s'y intègre, autant la colère d'un ou deux spectateurs hargneux que la fatigue des acteurs, que l'énervement. Pièce post-moderne pleine d'amour de la vie et de l'art, c'est un événement qu'il ne faut pas rater. Les acteurs dont Jeanne Balibar que j'aime beaucoup y sont incroyables! Il reste des places précipitez-vous! http://www.theatre-odeon.fr/fr/la_saison/les_spectacles_2011_12/accueil-f-379.htm

2 commentaires:

  1. Je ne regrette pas d'avoir perdu 10 minutes à lire quelques uns de vos articles. Ce dernier est particulièrement bon. C'est super de partager cela. Merci à vous de partager vos idées et votre vision avec les autres, il semble qu'on ait pas mal d'atomes crochus :-) et j'aime ça. Je reviendrai. Au plaisir de vous lire.

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