Il y a un peu plus d'un mois, pour Silver Particules, j'ai couvert les séances parisiennes du festival ciné alter'natif. Ces rencontres créées par l'association de la plume à l'écran qui promeut les cinémas autochtones d'Amérique du nord et du sud, proposaient entre Nantes et Paris un programme passionnant de films édifiés au sein des communautés. Ce fut une expérience très enrichissante qui m'a ouvert une porte sur la réalité contemporaine des peuples premiers. Lors de ces rencontres Sylvie Brieu présentait avec chaleur et enthousiasme son livre Quand s'élèvent nos voix, des Andes à l'Amazonie, une odyssée en terre indienne, dont je vais maintenant vous parler.
C'était étrange et exotique de lire la rencontre de Sylvie Brieu avec les Rapanuis de l'ile de Pâques dans un RER B bondé. C'était comme une échappatoire, un parallèle déconcertant entre cette tribu d'humains oppressés, et ces hommes et femmes sur leur île lointaine qui se battent pour prouver qu'ils existent, protéger la nature et leur patrimoine.
Nous sommes toujours là. Nous ne sommes pas juste des survivants mais les architectes de notre survivance(...) Nous portons notre philosophie ancienne dans un monde moderne en pleine évolution. (citation d'un des panneaux du National Museum of the American Indian à Washington).
Sylvie Brieu a passé un an a sillonner l'Abya Yala (la terre en pleine maturité, en langue Kuna). Cette journaliste du National Geographic explique ainsi l'enjeu de son voyage : J'ai entamé cette odyssée d'une année avec l'idée que les Indiens, souvent méprisés et spoliés dans leur propre pays pouvaient éduquer notre regard, et que la médiatisation de leurs idées et de leurs engagements pourrait toucher les consciences et mobiliser les opinions. Je suis partie sans obligation de deadline, ni de compte rendu, libre de tout engagement, avec cette fois le temps comme allié.
Et effectivement Sylvie Brieu, se fait porte-parole, elle laisse la place à ses héros (unsung heroes), les peuples Xavantes, Guaranis, Kichwas, Mapuches, Rapanui... et les autres aussi:ceux qui ont perdu leur noms, ceux qui restent cachés... Elle nous transmet la beauté de leurs poèmes, la force de leurs combats, leurs initiatives originales et brillantes...
J'ai beaucoup apprécié ce livre. J'aime qu'il ne se contente pas d'être un compte rendu de voyage, qu'il nous présente une visite alternative à celle que propose le tourisme de masse; qu'il nous introduise à un panorama ethnographique des richesses humaines de l'Amérique Latine, et enfin qu'il nous donne une image sans compromis des complexités de sa géopolitique, de sa géoéconomie et de l'état douloureux de son écologie.
À chaque rencontre Sylvie Brieu, nous donne assez d'informations pour que nous sachions où chercher pour en savoir plus. Ce livre est beaucoup de choses à la fois mais c'est surtout un voyage avec ce que cela comporte de rêve et d'exotisme.
À une époque, où le règne de la crise attente à notre bien-être fragile, où les puissants divisent les faibles pour mieux continuer à s'enrichir, où la nature menace chaque jour de reprendre la vie qu'elle nous a donné, les luttes des Indiens d'Amérique sont une inspiration!
People have the power to redeem the work of fools.
Sylvie Brieu, Quand s'élèvent nos voix, des Andes à l'Amazonie, une odyssée en terre indienne, Editions Albin Michel, 2011 ISBN 978-2-226-22130-8
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